« Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? A part que je ne suis qu'un gamin qui rêve, avec mon grand corps, ma tête bien faite et mes dreads ». Ainsi se présente Fawn, première signature du label MAT, sur l'un des titres de son jeune répertoire. Fawn est un musicien, auteur, compositeur, chanteur et storyteller de 27 ans qui affirme avec force son style, et s'amuse au bonneteau des étiquettes trop figées (rap, chanson, pop) à les déjouer toutes.
Au fur et à mesure que ses titres vont se dévoiler, jusqu'à la sortie de son premier album, il ne sera jamais là où on l'avait placé le coup d'avant. Car la musique n'est pas chez lui un
ghetto à protéger mais au contraire une quête sans cesse prolongée, intuitive et forcenée, poursuivie depuis l'enfance et dont il s'apprête enfin à partager la récolte.
Fawn trace ainsi le chemin d’un artiste sans certitude mais porté par une conscience aiguë, qui irrigue des textes implosifs — qu’il soit question d’amour, de révolte, d’intime ou de grands desseins collectifs. Happé par l’écriture de Stromae comme par celle de Bashung, il sait qu’une musique qui emballe les corps échoue si elle n’embarque pas aussi l’esprit. Nourri autant par Stevie Wonder et Elton John que par Kanye West et The Weeknd, il revendique autant l’entertainment que le besoin de donner du sens à chaque geste. Fawn rime parfois avec Frank Ocean : parce qu’il est multiple et insaisissable, musicien des profondeurs et immédiatement séduisant, et parce que chaque mot a du flow et du poids dans une histoire qui s’écrit au présent. Ce n’est assurément qu’un début.